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frederic japy

 

 

Le fondateur de l’usine de Badevel, Frédéric JAPY est né le 22 mai 1749 à Beaucourt (90), second fils d’une famille nombreuse de 9 enfants. Il fit ses études à Beaucourt puis à Montbéliard. Il est placé par son père en apprentissage en Suisse au Locle. Son apprentissage dura trois années, il étudia la construction de machines outils pour la fabrication des ébauches de montres. Son apprentissage terminé, il rentre à Beaucourt en 1772. L’outillage qu’il fit exécuter à Jeanneret-Gris et qu’il paya 600 louis d’or et les machines qu’il fabriqua lui-même allaient lui permettre de réaliser son rêve : la création d’une usine d’horlogerie à Beaucourt. Petit atelier à l’origine en 1773, sa construction véritable commencée en 1776 est terminée en 1777, atteignit son plein développement en 1779. 

Le 16 février 1776, il se maria à Catherine AMSTUTZ, fille de Michel AMSTUTZ, fermier à Dampierre les bois. Quelque temps après, ce dernier fut appelé par le prince de Montbéliard pour exploiter, comme fermier,  sa propriété de Grange-Madame ; sur les instances de sa femme, Frédéric JAPY y transporte son atelier, où il continua à fabriquer des ébauches de montres, mais il ne tarda pas à revenir à Beaucourt où en 1776-1777, il fit construire sa première usine d’horlogerie. Ses affaires devinrent très prospères et ses inlassables efforts furent récompensés. Frédéric JAPY devint alors fort riche.

En vue du développement de son industrie, il acheta les moulins de Badevel, de la Feschotte, d’Etupes, de Berne-Seloncourt et du Bas des Fonds à Vandoncourt. A cette époque, Beaucourt faisait partie du 5ème arrondissement du Haut Rhin. Il y avait 193 habitants et Frédéric JAPY en était le maire. La famille JAPY s’était aussi agrandie, elle se composait de seize enfants, cinq garçons et huit filles, trois des enfants sont morts en bas âge.

L’essor de la firme :

A la fin du XVIIIe et au commencement du XIXe  aidé par ses fils, il entreprit de nouvelles industries ; il ajouta à la fabrication des ébauches de montres à roue de rencontre, celle des ébauches Lépine, ce qui l’amena à agrandir sa fabrique et à augmenter considérablement le nombre de ses ouvriers. Il créa à Badevel, une fabrique de mouvements de pendules.

Badevel  était un grand village situé au pied des collines de Beaucourt et à quelques kilomètres de celui-ci. Au-dessus de Badevel, se trouve, sur une petite éminence, il s’en  échappe une source abondante qui forme une petite rivière appelée « La Feschotte ». Cette rivière après un parcours de sept kilomètres va se jeter dans l’Allan à Fesches-les Prés.

Cette source est assez forte pour faire marcher un moulin et, c’est ce moulin que Frédéric JAPY acheta. Il fit construire un grand bâtiment qui existe encore aujourd’hui, comprenant plusieurs ateliers dans lesquels il installa la fabrication de mouvements de pendules. L’outillage employé pour la fabrication des ébauches de montres, les machines-outils, les machines à découper, les machines à tailler les roues etc… servirent de modèles pour la fabrication des ébauches de pendules.

La fabrique de Badevel obtint un grand succès et, ses mouvements s’enlevaient à Paris a une telle cadence que l’on n’arrivait plus à satisfaire les commandes. Les affaires de Frédéric JAPY étaient en pleine prospérité et prenaient toujours un développement plus considérable. Ses fils étaient devenus grands, ils  commencèrent à seconder leur père dans ses vastes entreprises. Ses cinq fils entrèrent successivement dans la fabrique. Les deux derniers Fido et Charles furent placés à la direction de la fabrique de Badevel.

En 1806, les activités des fabriques de Frédéric JAPY devenaient de jour en jour plus intenses.  Les ouvriers venaient de tous les villages environnants, attirés par un travail assuré et rémunérateur.  C’est à cette époque que commença cet accroissement de population à Beaucourt, Dasles, Dampierre les Bois, Badevel, La Feschotte.

Frédéric JAPY décéde à Badevel le 23 juin 1812, à l’âge de 63 ans. Il est inhumé dans le cimetière de Dasles  à coté de son épouse décédée en 1811. Après sa mort, ses fils et ses filles se partagèrent son immense héritage.  Les trois fils aînés, Fritz, Louis, et Pierre eurent en partage tous les établissements de Beaucourt, de la Feschotte, d’Etupes, du Bas-des-Fonds et de Berne-Seloncourt. Les deux fils cadets, Charles et Fido, eurent en partage la fabrique de Badevel. Les filles reçurent leur part en argent.

De 1813 à 1817, il y eut un ralentissement considérable dans les affaires qui dégénéra en une crise grave. La fabrique en 1821 fut très touchée par le décès de Charles JAPY, il était âgé de 29 ans. Son frère Fido continua donc seul la fabrication des mouvements de pendules. Cette fabrication traverse une période critique jusqu’en 1828 où les trois frères JAPY de Beaucourt achetèrent la fabrique à Fido JAPY.

 Ingénu JAPY, fut nommé directeur à Badevel. Elève des meilleurs horlogers de Paris, il apporta des transformations radicales à la fabrication des mouvements de pendules. Il inventa et mit au point des machines automatiques pour le développement des pignons. Sous sa direction habile, Badevel devint la première fabrique de France dans ce genre d’industrie et de mouvements de pendules. La fabrique de Badevel obtint un grand succès et ses mouvements s’enlevaient à Paris à une telle cadence que l’on n’arrivait pas à satisfaire les commandes. Ils avaient la préférence des horlogers sur tous ceux de la concurrence. Mr. Ingénu JAPY, était maire de Badevel et conseiller général du Doubs, il recevait beaucoup de personnalités de ce département.

En 1900,  c’est Mr. Louis WARNERY qui avait  la direction de la grosse industrie de Badevel. Cette dernière obtint un grand succès et ses mouvements s’enlevaient à Paris à une telle cadence que l’on n’arrivait pas à satisfaire les commandes. En 1910 l’industrie de l’horlogerie était en pleine activité. La fabrication des réveils était également très poussée, et l’on atteignit pour Beaucourt (90) et Badevel une production mensuelle de 40.000 à 45.000 réveils. Dans cette usine l’on créa des merveilles de mécanique comme la pendule voyage.

 En 1921 on édifia sur la gauche, face à l’ancienne usine, un grand bâtiment dans lequel on installa:

Cette disposition d’atelier avec galeries, donnait à cet ensemble un cachet tout particulier et moderne.

De 1930 à 1935, une crise grave sévit dans toute la France, le chômage s’étend partout, les affaires se traitent mal, la fabrication, et la vente devient très difficile.

Le Conseil d’Administration prit alors une mesure énergique en décidant la réorganisation complète de tous les services. C’est cette décision qui a amené en 1933, la liquidation de l’usine de Badevel et la fabrication d’horlogerie de l’usine fut centralisée à Beaucourt (90). C’est Mr. PINGUET qui exerça en le premier en 1935, les fonctions de Directeur Général des Etablissements JAPY-FRERES. 

En 1917, on comptait 350 ouvriers, en 1933 plus que 150, quel changement.

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Henri JAPY est né à Beaucourt (90) le 12 janvier 1848 et meurt en janvier 1935.Ingénieur des Arts et Manufactures, maire de Badevel, Il s’occupe plus particulièrement de la grosse horlogerie de Badevel, dont il est le directeur. Officier pendant la guerre de 1870. Belle conduite dans la défense de Belfort (90). Chevalier de la Légion d’honneur.

Mr. Henri JAPY est le seul parmi les JAPY qui se soit occupé de soulager la misère de ses ouvriers. Il a pris dans sa poche ce que les autres refusent de prendre sur leurs bénéfices. Dans un premier temps, il reconstitue la caisse de secours de Badevel qui passe de 630 membres en 1890 à 950 en 1898. Il en double ainsi le capital comme les indemnités alloués aux pensionnés.

Il prend en charge l’éclairage de sa commune sur ses propres fonds.

 

Il fonde une caisse de retraite en mai 1897 et s’implique encore personnellement dans la mise de fonds. Enfin il augmente le nombre des pensions pour les vieux ouvriers de son usine.

En fait, Henri JAPY s’occupe aussi activement de la gestion des différentes associations que de celle de son usine. Le vif intérêt qu’il porte à leur bonne marche et la générosité avec laquelle il s’implique financièrement marquent la population laborieuse de Badevel.

Le premier avril1898, Henri JAPY organise à son retour d’un voyage d’Egypte, une grande fête en l’honneur des ouvriers dans le parc de sa résidence à Beaucourt , mais les membres de sa famille ne sont pas invités. Différents sociétés (musique, chorale, gymnastique) y participent. Ces festivités au cours desquelles on se livre à une exaltation de sa bienfaisance lui sont vivement reprochées.

 

Toute notre reconnaissance à  monsieur et à madame Henri JAPY qui, par leurs bienfaits aident les humbles autour d’eux.

Mausolée JAPY

dédié à un des fils de Frédéric JAPY

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 Jean Charles JAPY, né en 1792, âgé de 24 ans entre dans la Sté le 14 mars 1816 et Frédéric JAPY né en 1796 entre lui dans la Sté le 6 novembre 1818, il est âgé de 22 ans.

 

Quelques métiers dans l’horlogerie au XIXème Siècle

Acheveur :

Ouvrier qui achève le remontage d’une montre; il met au point les fonctions de l’échappement ou de la boite de la montre.

Etablisseur :

Fabricant d’horlogerie qui achète toutes les ébauches et fournitures nécessaires à la fabrication, de la montre et qui les assemble lui-même ou les fait assembler par des tiers.

Finisseur :

Ouvrier qui met la dernière main à un travail; ouvrier qui met en place le rouage d’une montre. Autrefois, le finisseur arrondissait les roues et corrigeait les défauts éventuels des engrenages.

Pivoteur:

Ouvrier qui façonne les pivots.

Planteur d’échappement:

Ouvrier qui traçait au compas la position des points de pivotement de l’échappement sur la platine, perçait les trous et les reportait sur les ponts; il pivotait les trois mobiles, posait les pieds des ponts et ajustait les mobiles sur les axes. Il ajustait l’une sur l’autre l’ancre et la fourchette, puis polissait les angles et faisait l’achevage de l’échappement. Plus tard, le planteur reçut les ébauches avec les trous de l’échappement percés dans la platine.

Règleur :

Horloger qui fait des réglages.

Régleuse :

Terme impropre pour désigner l’ouvrière qui pose sur l’axe de balancier, façonne la courbe terminale du spiral, le fixe au piton et à la virole. La règleuse ne règle pas, elle devrait être appelée: poseuse de spiraux.

Remonteur (euse):

Ouvrier qui assemble diverses parties à la montre. Remonteur de finissage (rouage), d’échappements, de coqs.

Repasseur :

Terme de métier, ouvrier spécialisé sur le repassage. Autrefois, le repasseur était aussi chargé du plantage de l’échappement.

Rhabilleur :

Ouvrier qui répare, rhabille les montres après les avoir remises en état de fonctionner. Un rhabilleur doit être un bon horloger complet.

Termineur :

Le termineur est celui qui termine des montres ou des mouvements pour autrui, manufacture ou établisseur, et ne reçoit que le prix du travail exécuté.

Visiteur :

Ouvrier qui vérifie l’état de diverses fournitures ou l’exactitude du travail d’assemblage de certains organes

 

Quelques modèles parmi des milliers

 

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Les Cités

 

L’ouvrier devenu propriétaire, ne fût-ce que d’une maisonnette ou d’un lopin de terre gagné de ses mains est transformé, il ne pense plus à aller dans les cafés. Mr Eugène Bornèque avait déjà souligné, au cours de l’enquête de 1872, le fléau de l’alcool et la promiscuité des cabarets. Ainsi, une clause est rajoutée dans le contrat de vente de la Sté Immobiliére. Il est stipulé que ces maisons ne peuvent être transformées en débit de boissons ce qui était arrivé avec des premières habitations vendues en 1864.

Ces maisons sont construites sur le type de 1875 et donnèrent pleine et entière satisfaction à leurs propriétaires. Je voudrais que ces petites maisons soient entourées d’un jardin.«Procurer  un logement sain et commode à l’ouvrier est un nécessité moral et physique; il faut qu’en rentrant chez lui il s’y plaise et qu’il n’arrive pas dans un bouge infect et puant qui lui fasse préférer le cabaret et abandonner sa famille. Il faut qu’il ait une attraction pour son habitation qu’il rejoigne bien vite au sortir de son labeur et où il puisse s’occuper dans son jardin pendant ses heures d’oisiveté. Il faut surtout qu’il puisse attacher sa famille au toit paternel et qu’il empêche ses enfants de l’abandonner…Il faut en outre qu’il puisse considérer son habitation dès le jour où il y rentre comme sa propriété et que tous ses efforts tendent à l’entretenir, l’améliorer au besoin, tout en soldant régulièrement ses paiements mensuels.»

 A Noter : fondation vers 1890 d’un hôpital à Beaucourt (90) relève de l’initiative de Mme Vve Meiner-Japy. Cet établissement dénommé Maison Blanche en souvenir de sa fille décédée à 18 ans, compte 10 à 12 lits (enquête de 1897). En 2005, maison de retraite médicalisée compte 118 et emploie 70 personnes.

La Société prend part à la souscription, des hôpitaux de Belfort-Montbéliard pour la somme de 5000 francs (journal des sociétaires n° 3, feuillet 99).

 

Un ancien ouvrier JAPY

 

1966. - Un authentique horloger a été formé dans cette usine. Il s’agit de Mr. PEQUIGNOT Edouard né en 1878 et qui a raconté à mon père ce qui suit. Il habitait encore à l’époque tout près de l’usine JAPY où il a été « forgé encore à la vieille école » par son père et son oncle.

A l’âge de 12 ans, il sort de l’école primaire et, il fait connaissance de l’établi d’horloger auquel il restera très attaché. Après un apprentissage, il se forme peu à peu à la fine horlogerie et devient rapidement un spécialiste. Avec son père et son oncle, il apprend à faire les pièces de taximètres, de pendules de voyage, on est alors en 1912.

Dans son logement, il possédait beaucoup de pendules de valeur dont une « quantième perpétuelle «  dont le poids était de 78 kilos. Une  horloge « quantième perpétuelle » indique les heures, les années bissextiles automatiquement et cet ouvrier précisait avec une certaine fierté que toutes les pièces du mouvement avaient été fabriquées par lui à la main il y de cela cinquante ans. Mr. PEQUIGNOT possédait beaucoup d’horloges et il en était fier.

A l’exposition bicentenaire, de Mr. Frédéric JAPY, disait-il « j’ai présenté 55 pièces sorties de mes mains et avec mon fils j’ai monté plus de 2700 carillons à l’usine ».

Mr. PEQUIGNOT est resté jusqu’à ces dernières années un des seuls horlogers à réparer les vieilles pendules en particulier les neuchâteloises et les comtoises.

 Il a  quitté les Ets JAPY en 1940, pour une retraite bien méritée. 

 

Source : Patrimoine JAPY - archives familiales.

 

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