LE TEMPLE SAINT MARTIN A MONTBELIARD

(le plus ancien de France)

 

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Il y a quatre siècles, soit le 15 mars 1601, en présence des autorités religieuses et civiles de la ville de Montbéliard et d'Henrich Schickhardt, l'architecte du duc de Wurtemberg, la première pierre de l'église luthérienne St Martin était scellée. Suite à l'annexion de la principauté de Montbéliard, en 1793, St Martin est le plus ancien temple protestant en France.

LES ORIGINES. Avant le temple, deux églises ont précédé le temple.

LA PREMIERE EGLISE ST MARTIN :

La plupart des auteurs s'accordent à placer au début du XIIIe siècle, la construction de la première église St Martin.  Edifiée au centre de la plaine marécageuse de la Lizaine, alors assainie, elle devient dans la seconde moitié du XIIIe siècle le noyau d'une ville neuve peuplée de marchands, d'artisans et de paysans qui s'organisent géométriquement au pied du château. Cette ville neuve est mentionnée pour la première fois en 1293. L'église est encore citée en  1341 "St Martin" en 1392 "ecclesie sancti Martini". Au XVe siècle, deux chapelles sont édifiées, l'une dédiée à St Jacques de Gallice, l'autre à St Crépin. C'est un édifice modeste peut être en bois environné d'un cimetière que les registres des comptes du diocèse de Besançon ignorent. Ceux-ci en effet ne connaissent que la collégiale St Maimboeuf située alors sur le rocher du château. St Mainboeuf est l'église du comte et de la noblesse alors que St Martin n'est qu'une filiale qui, par ses fonctions tend peu à peu à s'opposer à St Maimboeuf. C'est l'église du peuple et de la commune. Avant la construction de la maison commune, elle sert de lieu de rassemblement  aux bourgeois.

LA SECONDE EGLISE ST MARTIN : 

A la fin du XVe siècle, l'église St Martin est reconstruite à grands frais par les bourgeois de Montbéliard et consacrée le 28 novembre 1491 par l'archevêque de Besançon. A vrai dire, on sait peu de choses, elle figure sur la carte de Montbéliard d'une manière très schématique. Les comptes de construction du temple nous apportent quelques précisions à l'occasion de réparations ou de démolition de l'église médiévale. Le nouvel édifice reconstruit en pierre, peut être dans le style flamboyant était deux fois plus petit que le temple actuel. Il était composé d'une nef semble-t- il unique et, d'une tour surmontée d'un clocher. L'entrée principale s'ouvrait à l'ouest. Au devant de l'église, il y avait un St Christophe en pierre et à proximité vraisemblablement autour un cimetière transféré en 1542 à l'extérieur de l'enceinte urbaine pour des raisons sanitaires. D'autres édifices sont mentionnés, ils seront détruits lors de la construction du temple.

 Localisation, ou se trouvait l'église primitive ?

Les travaux commencent en janvier 1601, mais l'église reste en place jusqu'en juin 1603, date à laquelle commence sa destruction.

En novembre 1604, alors que le gros oeuvre du temple est prêt, la démolition de la vieille église semble achevée. Depuis 1603, le culte se déroule dans la chapelle du cimetière hors de la ville. L'église médiévale était située sous le temple actuel d'après des recherches archéologiques.

LA REFORME A MONTBELIARD :

L’introduction de la réforme à Montbéliard au début du XVIe siècle à deux conséquences pour l'église St Martin. Convertie en 1538 par le prédicateur Pierre Toussaint au culte protestant, l'église est d'abord élevée au rang de paroisse. St Martin devient "l'église française"alors que St Maimboeuf est l'église allemande celle où l'on prêche dans la langue du prince.

Intérieurement, l'église est réaménagée pour permettre la célébration du culte. On enlève les statues et les tableaux comme dans les autres églises du comté. Le grand hôtel catholique est remplacé par une table de cène plus modeste. La mutation de l'église catholique en temple protestant s'est faite en douceur.

LES CAUSES DE LA CONSTRUCTION DU TEMPLE :

Nous distinguons trois causes principales, le voeu de comte de Montbéliard, Frédéric de Wurtemberg, l'essor démographique du pays de Montbéliard et la volonté de prestige d'un prince luthérien.

LE VOEU DU COMTE FREDERIC : 

Voici les faits, en 1592, Frédéric de Wurtemberg entreprend un voyage en Angleterre. Au retour de ce voyage, le navire qui transportait le comte et sa suite fut pris dans une violente tempête, dont ils ne réchappèrent que par miracle. Au plus fort de la tempête, le comte aurait fait le voeu  d'édifier, au cas où il lui survivrait, sept temples pour remercier le Seigneur tout puissant. (ouvrage d'Erhardt Cellius).  Nous ne le pensons pas, bien que effectivement sept temples furent édifiés sous le règne de Frédéric.

LA CONSTRUCTION DU TEMPLE 1601-1677.

Les travaux peuvent être divisés en 3 parties  - 1601-1607 chantier du temple sous la direction de l’architecte 1609 - 1615 la finition des aménagements intérieurs, 1677 - la construction du clocher en bois qui met un terme à l'édification du temple

La première pierre est posée le 5 mars 1601, du côté de l'hôtel de ville. Une plaque de cuivre rédigée dans le style néo-antique est placée dans la première pierre avec des monnaies et une liste des autorités de l'époque. Les travaux de fondation débutent le 14 janvier 1601. La maçonnerie est confiée le 2 juin 1601,  artisans: Etienne Viénot, c'est lui qui a construit au château les étages supérieurs de la tour Henriette. Jacob Bertsch est surnommé le maçon allemand en 1607-1608, il jettera un pont sur l'Allan, Peter Aigner en 1603, lui aussi allemand, c'est le seul qui a laissé sa marque sur l'édifice. Elle est gravée sur l'entablement du portail sud, sous la date de 1604.

LE PROCES VERBAL DE RECEPTION DES TRAVAUX DE MACONNERIE.

La construction de l'étage de pierre nécessitera plus de quatre ans de travaux ininterrompus. Elle s'achève le 19 août 1604.

CHARPENTE ET COUVERTURE.

Les maçons sont encore à l'oeuvre, l’architecte songe déjà à réunir les matériaux de la charpente. En décembre 1602, il traite avec le charpentier de Stuttgart pour les bois de charpente en chêne, pour les bois de sapin achetés l'année suivante dans la région de Porrentruy. Il traite avec les maîtres charpentiers Jacob Thomas de Voujeaucourt et Lorenz de Stuttgart. La charpente est montée du 4 au 22 août 1604, c'est un exploit pour un ouvrage de cette importance. Les travaux de couverture traînent en longueur, ils se prolongent jusqu'au mois d'août 1605. 59456 tuiles  proviennent des tuileries de Montbéliard et d'Héricourt. En 1619, il s'agit de grandes tuiles. A la fin de 1605, le gros oeuvre est achevé.

LE SECOND OEUVRE.

Il débute par la construction du plafond, l'architecte Schickhardt fait encore confiance à ses compatriotes, le menuisier Kliefel et le charpentier déjà cité Lorenz Benz. A la fin de l'année 1606, plâtriers et peintres entreprennent la décoration de la salle : blanchiment des murs et du plafond, confection d'ornement en plâtre, ornementation et peinture du plafond, collection d'ornements en plâtre, enfin peinture des murs. L'année suivante, Viènot et Claude Courtin posent le dallage des allées et du choeur, avant que Hans Kliefel ne réalise les planchers, les sièges et la chaire à prêcher. Il ne reste plus qu'à poser la table de cène en pierre de Chagey, sculptée par Peter Aigner, à installer les vantaux des portes et fenêtres et à peindre le blason du prince au milieu du plafond. Les travaux prennent fin le 15 septembre 1607. Ce jour là l'architecte offre un repas aux 20 menuisiers et aux plâtriers présents sur le chantier. La construction du temple aura duré 6 ans et 9 mois.

LA DEDICACE.

La dédicace du temple a lieu trois mois plus tard, le dimanche 18 octobre 1607, malgré l'absence du prince, il meurt peu après d'une apoplexie. Le sermon du pasteur Samuel Cucuel est considéré comme le plus ancien monument de l'art oratoire protestant du Pays de Montbéliard. Il a été publié en 1608, par l'imprimeur Jacques Foillet. C'est un long discours très érudit de 30 pages. La troisième partie relative aux ornements des temples est intéressante  pour la compréhension de l'édifice. Le pasteur oppose le dénuement des temples protestants, à la  "la parade" et "aux ornements extérieurs" des églises catholiques. Les ornements sont en fait illusoires. Le véritable ornement d'une église ajoute-t-il c'est "quand la parole de Dieu est sincèrement prêchée et les saints sacrements, qui sont sceaux de la justice de la foi y sont fidèlement administrés selon l'institution divine".

APRES LE DEPART DE SCHICKARDT / FINITION  DE L'INTERIEUR ET CAMPANILE EN BOIS.

Neuf  mois après la mort du prince, Schickhardt est rappelé à Stuttgart ou il vient d'être promu architecte ducal. Après son départ, de nouveaux travaux sont entrepris dans le temple. De nouveaux sièges en noyer destinés au prince et à sa famille, bancs des anciens, travaux dans la toiture, percement de 10 lucarnes supplémentaires, réparation de la couverture en tuiles et construction d'un avant toit au-dessus de la corniche de la façade occidentale.

Extérieurement, le temple était resté inachevé. La haute tour en pierre initialement projetée n'avait pu être entièrement exécutée. La visite et le toisé de la maçonnerie du 19 août 1605 ne mentionnent que deux étages au-dessus de la corniche principale au lieu de quatre initialement prévus. L'examen architectural confirme l'inachèvement de la tour. La construction a été arrêtée à la hauteur du cadran de l'horloge dont seul le demi-cercle inférieur a été exécuté. C'est vraisemblablement en 1604 que Schickhardt décida de suspendre les travaux pour des raisons financières.

Le clocher actuel en bois ne fut édifié qu'en 1677. les chroniques de l'époque nous en rappellent les circonstances. En 1676, les troupes de Louis XIV sont entrées par surprise dans la ville. Les brimades religieuses s'abattent aussitôt sur la cité protestante. le culte catholique est rétabli à Saint Maimboeuf. Menacé de destruction, le temple Saint Martin est sauvé de justesse grâce aux supplications du Conseil de Régence. La sonnerie des cloches de Saint Maimboeuf  qui annonçait aussi les offices à Saint Martin est interdite. Le consistoire décide aussitôt d'élever au-dessus du temple un clocher provisoire en bois avec l'argent  de la boite des pauvres et les dons des particuliers. On achète des poutres. Les maîtres bourgeois donnent la cloche de l'arsenal de la ville qu'ils avaient conservée. A celle-ci s'ajoute bientôt la cloche de l'horloge du château et trois autres petites cloches. La cloche actuelle provient de l'ancienne abbaye de Belchamp et porte cette inscription "Vox mea cunctorum sit terror doemonum" (que ma voix soit la terreur des démons). Frère Jehan Vaucher, abbé 1517. Commencée le 1er septembre 1677, la  construction est achevée le 11 novembre suivant.
Le clocher provisoire dure toujours. Sa valeur esthétique est contestable. Mais pour les Montbéliardais d'aujourd'hui, il fait partie intégrante du temple et constitue un élément significatif de son identité.

OUVRIERS ET ARTISANS.

Ils sont chaque jour de 11 à 30  à travailler sur le chantier.

MANOEUVRES.

Payés à la journée, ils constituent une main-d'oeuvre d'appoint. Ils exécutent les travaux pénibles qui ne demandent aucune qualification. Ils sont de Montbéliard et des environs. Quelqu'une viennent  de France, les autres noms trahissent une origine germanique, les listes révèlent aussi les noms de 3 femmes, Jehannette Margillon, Cathin Joliot, Françoise Baret, elles accomplissent comme leurs collègues masculins des tâches pénibles et parfois dangereuses, le transport de la chaux  par exemple, pour un salaire journalier deux fois inférieur.

COMPAGNONS ET ARTISANS.             

Les artisans du temple constituent eux aussi une monde assez cosmopolite. Le pays de Montbéliard fournit là aussi les principaux artisans, là quasi totalité des peintres, la moitié des maîtres maçons, les serruriers, le couvreur mais parmi ceux-ci il est bien difficile de reconnaître les Montbéliardais de souche. En effet au XVIe siècle  le Pays de  Montbéliard étant devenu terre de refuge. Réfugié huguenot peut être, Daniel de Marase en 1596, travaille déjà à Montbéliard où il sculpte les armoiries du prince au-dessus de la porte du logis des gentilshommes. L'origine d'Henri Tournier, protestant proscrit de Besançon ne fait aucun doute. Par contre les Courtin, Viénot, Boige, Thomas semblent appartenir à des familles du terroir. Les allemands constituent une faible minorité, deux d'entre eux se marient à Montbéliard, il s'agit de Kliefel et Benz.

Ambitions sociales : Quelque soit leur origine, ces artisans cherchent à acquérir la bourgeoisie, symbole de la réussite sociale, à moins qu'ils la tiennent déjà de leurs parents. Ces artisans comptent parmi les meilleurs professionnels du moment.

De petites entreprises : ouvriers réputés, ces artisans sont aussi pour la plupart des patrons. Elle compte de 1 à 3 ouvriers et 1 apprenti.

Salaires : Les maîtres sont payés à la journée, à la tâche ou au forfait.

Conditions de Travail : les renseignements et les conditions de travail des ouvriers sur chantier n'apparaissent qu'à l'occasion d'un évènement qui suscite une dépense. Il semble que les accidents de travail soient rares.

LE PRIX DU TEMPLE.

Selon Schickhardt, le temple a coûté 23276 francs forts, 4 gros, 1 blanc, 55 bichots de froment et 17 bichots d'avoine. A cette dépense, il convient d'ajouter les travaux de finition entrepris de 1608 à 1615entrepris après le départ de Schickhardt. Pris en compte par la recette du chapitre de Saint Maimboeuf, ils s'élèvent à 804 francs, 1 bichot de 7 quartes de froment. Converties en francs, les dépenses en grains se montent à 2455 francs 8 gros, ce qui donnent une dépenses totale de 26536 francs forts.

LES RECETTES.

L'origine de ces fonds : Plus de la moitié des recettes provient de la Principauté et de ses dépendances. L'effort financier est supporté par les recettes des seigneuries d'Héricourt, de Granges de Montbéliard, de Clerval, et par le grenier à sel de Montbéliard. A elles seules les ventes de blé représentent plus de 30 % de l'argent collecté. Blé et sel, deux richesses qui ont permis l'édification du temple. La part de la recette ecclésiastique est infime 4,47 %. L'origine des autres sommes n'est pas précisée. Elles sont apportées par des fonctionnaires de la principauté, ou par les bourgeois de la ville. Schickhardt est l'un des principaux pourvoyeurs de fonds. L'importance des sommes versées excluant qu'il puisse s'agir de don, on peut avancer avec certitude qu'elles proviennent du duché de Wurtemberg.

LES DEPENSES.

Les frais de main d'oeuvre constituent près de 8/10 de la dépense totale, proportion considérable, ce qui s'explique, la plupart des matériaux bruts, pierre, bois sont délivré gratuitement par le Prince. L'éloignement des approvisionnements entraîne un gonflement des frais de charroi, ceux-ci s'élèvent à 12 % des dépenses et constituent le chapitre le plus lourd après la maçonnerie. Une partie des bois de sapin sont abattus dans la forêt de Montingo à Courtavon en Suisse, environ 40 km de Montbéliard, les matériaux élaborés, fer, clous, planches tuiles, chaux constituent l'essentiel des dépenses. Ils proviennent la plupart de la principauté : forge de Bart, tuileries de Montbéliard et d'Héricourt, clouterie de Vandoncourt, four à chaux de Bart. La colle est achetée à Bâle. Pour les autres fournitures, l'architecte fait appel aux marchands montbéliardais.

Eglise de la commune et des bourgeois, le temple Saint Martin a donc été presque entièrement financé par le prince avec des crédits laïcs.

LE TEMPLE SAINT MARTIN AU DEBUT DU XVIIe SIECLE.

Les extérieurs : à l'exception du campanile en bois ajouté en 1677, l'aspect extérieur du temple a peu changé. C'est un bâtiment rectangulaire, coiffé d'un toit à double pente, qui abrite une vaste salle de prêche. Les murs sont en pierre de taille ont une épaisseur de 1,15 m au niveau du soubassement. Le bâtiment est  rectangulaire  40,12 mètres de long, 19 mètres de large, 11,56m de haut jusqu'à la corniche. Cette forme très simple est typique des premières églises luthériennes allemandes. L'architecte avait prévu d'aménager un vaste grenier à grain au-dessus de la salle de prêche, il ne fut jamais réalisé. Les grands pignons à rampants droits des façades ouest et est et leurs étages de baies à frontons disposées trois par trois, témoignent encore de ce dessein. Le décor se compose de 34 pilastres qui reposent sur un soubassement haut de 2,45m, interrompu seulement par les trois entrées. A son sommet, le bâtiment est ceint d'un entablement continu sans ornement. Les pilastres sont doublés aux angles et de part d'autre de la  saillie centrale de chevet. Ils déterminent sept travées en longueur et trois en largeur. Chaque travée, à l'exception des travées médianes nord, sud et ouest ou sont les portails, est ornée d'une baie rectangulaire élancée que surmonte un fronton brisé tantôt cintré, tantôt droit. Chaque fenêtre s'inscrit dans un encadrement renfoncé, sauf celles du chevet dont l'entrecolonnement est plus étroit à cause du doublement des pilastres.

L'ornement des travées centrales nord, sud et ouest est constitué par un portail à plates bandes et à frontons brisé surmonté d'un oculus inscrit dans un encadrement renfoncé. L'ouverture en plein cintre est soulignée par une profonde gorge qui retombe de chaque côté sur un congé orné de volutes. Les portails nord et sud, plus monumentaux, sont flanqués de colonnes. A l'intérieur du fronton courbe du portail sud, une inscription :

 

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ILLVSTRISS. PRINCEPS.D.FRIDE RICVS DVX WIRTEMB. ET TECK.COMES MOMBELGARD. ETC. AEDEM HANC DEO O.M SACRAM PIO ZE LO NOVAM EREXIT. MDCIIII

 (Le très illustre prince Frédéric, duc de Wurtemberg et de Teck, comte de Montbéliard etc. a élevé par son pieux zèle ce temple nouveau consacré à Dieu très bon et très grand. 1604.) et sur la frise

OPERA HENRICI SCHICKARDT HERRENBERGENSIS ARCHITECTI 1604

(oeuvre d'Henrich Schickhardt architecte d'Herrenberg 1604)

Chaque portail était orné d'un blason en pierre. Les armoiries de la famille de Wurtemberg au-dessus des portails nord et sud furent retirées à la révolution. Seul subsiste l'écu de la ville au fronton du portail ouest. Les portes de chêne ont été exécutées en 1742 par Friedrich Mégnin comme en témoigne l'inscription gravée à l'intérieur. (fait par moy friedrich Mégnin 1742).

LA SALLE DE PRECHE.

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La salle de prêche est très simple. C’est une vaste salle plafonnée, de forme rectangulaire qui mesure 36,60m de long et 15,90m de large. Au fond et derrière l'autel se dresse une haute et étroite niche appelée "Rundung" dans les textes, qu'une baie aujourd'hui murée éclairait à l'origine. A l'opposé, masquant le portail ouest, s'élève une tribune de bois. Depuis 1607, le volume intérieur de cette salle n'a subi que des modifications de détail. Les tambours des entrées ont été construits en 1854. La sacristie située derrière l'autel et les boiseries du choeur remontent au début du XIXe siècle.

La Tribune fut édifiée en 1606, de février en octobre, par le maître charpentier Laurenz Benz, les travaux de finition par le menuisier Hans Kliefel, profonde de 7,22m et large de 15m, elle correspond à la tribune d'aujourd'hui moins les deux ailes en retour. Celles-ci ont été construites au début du XIXe siècle pour des raisons esthétiques au moment de la grande rénovation de la salle. A l'avant, la tribune repose sur 4 colonnes au lieu de 6 aujourd'hui : deux demi-colonnes adossées au mur et deux colonnes cylindriques en bois au centre, à l'arrière deux autres colonnes établies de part et d'autre du passage de l'entrée la soutenaient. On y accédait comme aujourd'hui par deux escaliers droits à double volée. Sur la tribune, il y avait neuf gradins, partiellement conservés de part et d'autre de l'orgue. Dans l'angle sud ouest, un escalier à vis de 37 marches montait au grenier. Supprimé au XIXe siècle, lors de la construction de l'orgue Callinet, il a été rétabli en 1990.

Il n'avait pas été prévu d'orgue, un premier orgue fut installé en 1755-1756 par Jean Louis Perny de Huningue. Il fut entièrement reconstruit en 1844 par Joseph Callinet de Rouffach.

Le plafond en bois qui couvre la salle correspond au marché du 10 février 1606, ouvrage impressionnant de 36m de longueur, et de 15,97m de largeur, un peu plus que la largeur de la salle. Il est divisé en 45 caissons rectangulaires à moulures rapportées et orné tout autour d'une grande corniche en bois. Pas de colonnes pour le soutenir. Le plafond est fixé à la charpente par des crochets métalliques. Au centre, le plafond comporte un caisson quadrilobé où trônaient les armoiries du prince en bois sculpté. En 1607, elles furent peintes et dorées en même temps que la chaire par un peintre d'Héricourt Jean Bolot. Rénové en 1742, il fut enlevé à la révolution et remplacé au XIXe siècle par le médaillon actuel qui représente le bon berger.

Dans la principauté de Montbéliard, le plafond de Saint martin est à l'origine d'une mode. Il a été imité au temple Saint Georges à Montbéliard, ainsi qu'aux temples de Beutal, Présentevillers, à l'église de Blussans. A Montbéliard, il a d'autre part inspiré de nombreux plafonds de demeures bourgeoises.

 

ORNEMENTATION ET COULEURS.

La décoration en plâtre, oeuvre du stucateur Hans Jacob Münster, consiste surtout en pilastres qui font écho aux pilastres des façades. Ils sont surmontés d'un entablement de 48cm de hauteur qui ceint le mur à quelque distance sous la corniche en bois. Par contre, le décor en forme de coquille qui ornait la niche a disparu. Les comptes mentionnent l'achat de 6 blasons en plâtre et la commande d'un panneau représentant les armoiries du prince, de sa femme et de la ville de Montbéliard passée en 1605 au peintre Henri Tournier.

Les couleurs sont beaucoup plus claires qu'aujourd'hui. L'édifice a été entièrement blanchi en 1606. La couleur pierre recouvre semble-t-il les pilastres, l'entablement, la façade de la tribune et l'escalier en colimaçon, tandis que les entrecolonnements et le plafond, sont ornés de filets de peinture.

A Montbéliard, la réforme luthérienne a été introduite après 1552 par le prince. Une réforme d'inspiration calviniste et zwinglienne, plus radicale, l'avait précédée. Une des premières mesures fut de dépouiller les églises de leurs ornements, tableaux, statues, ornement d'autel. Cette austérité religieuse initiale aura marqué les mentalités.

D'autre part, dans un pays cerné de toutes parts par les catholiques, il fallait que les lieux de culte se démarquent des églises de leurs adversaires. Dans son sermon de dédicace du temple Saint martin, le pasteur Cucuel insiste  sur la vanité de tout ornement. N'est ce pas le Seigneur "le premier ornement des temples des fidèles".

 

AUTEL ET CHAIRE.

L'autel primitif fut enlevé en 1827 par la municipalité qui le remplaça par l'autel actuel en bois. Il était en pierre de Chagey, on peut encore en voir à Dambenois, Aibre, Beutal, Lougres, Roches les Blamont. L'autel occupait le centre d'une aire dallée, élevée d'une marche, qui est appelée "Chor" dans les textes. Ce choeur était moins large qu'aujourd'hui 6,93m mais plus profond, il englobait la niche. Son revêtement et ses dimensions ont été modifiées par l'architecte Morel - Macler en 1843.

Le marché des sièges en 1607 indique que la chaire n'était pas située au centre du chevet derrière l'autel, comme aujourd'hui, mais elle s'appuyait contre un long côté, selon une disposition quasi générale dans les églises montbéliardaises avant le XIXe siècle. Elle était placée plus précisément à proximité du portail septentrional entre le 5e et le 6e pilastre.

La chaire fut réalisée en 1607 par le menuisier Hans Kliefel et mise en couleur par le peintre Jean Bolot. Elle se composait de deux parties, une cuve octogonale et un abat-voix. Ornée de colonnettes, d'oves et de denticules, le cuve reposait sur une colonne corinthienne en chêne. L'abat-voix était décoré de guirlandes et de roses et couronné de sept motifs verticaux surmontés de petite urnes et flammèches. Au début du XIXe siècle, après la rénovation de la salle la chaire fut jugée "choquante"  par rapport  à la "discrétion de l'édifice. On commença par la recouvrir d'une draperie, puis elle fut détruite en 1840. La chair actuelle date de 1842.

 

LES SIEGES.

C'est le menuisier Hans Kliefel entre 1607 et 1641 qui  est chargé de la confection et installation des sièges.1609-1610 bancs noyer en 1611-1615  bancs des anciens. On distingue plusieurs modèles de bancs : les stalles en noyer décorées de motifs sculptés, réservées au prince et aux personnes de haute distinction, membres de la famille princière, chancelier, conseillers de Régence, toutes les autres stalles sont en sapin - les bancs : 37, on distingue les bancs fermés, les petits bancs sans dossier des écoliers et les bancs des hommes et des femmes, ces derniers sont équipés d'un repose-pieds et précédés d'une balustrade ou devant, qui sert de dossier au siège précédent. Les sièges des pasteurs construits dans le prolongement de l'escalier de la chaire, étaient composées de 5 stalles en chêne enfermées dans un réduit grillagé qui servait aussi de sacristie.  Ce type de mobilier spécifique des églises luthériennes

L'attribution des sièges à l'intérieur du temple obéit à trois critères : la séparation des sexes, le strict respect de la hiérarchie et des préséances et les exigences de la liturgie

 

RESTAURATION-TRANSFORMATION.  
En quatre siècle, le temple saint Martin a évidemment fait l'objet de nombreux travaux tant à l'extérieur qu'à l'intérieur. Principales interventions, fin du XVIIIe et début du XIXe siècle. Les principaux chantiers concernent le second quart du XIXe siècle et les quinze dernières années du XXe siècle.  

 

L’ORGUE.

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Le premier orgue de Saint Martin, l'orgue Perry : fut installé en 1755 par Jean Louis Perry. L'orgue Callinet  fut installé en 1843/1844par les frères Callinet de Rouffach. Au début du XXe siècle des réparations sont entreprises par un Montbéliardais Bedeville. Il est de nouveau rénové en 1968. En 1977, il est classé Monument Historique puis une nouvelle restauration est entreprise de1985 à 1989.

 

LA RESTAURATION DES FACADES.

L'édifice est classé Monument Historique en 1963. Ses façades noircies par la pollution, sous l'impulsion du maire et avec le service des Monuments Historiques, la restauration est décidée. Son coût est tel que l'opération sera scindée en quatre tranches, une par an.

C'est donc un édifice extérieurement rajeuni, aux arêtes bien nettes, dont la blancheur éclatante fait ressortir le grès rouge des protes et des bases des pilastres et le grès gris des encadrements de fenêtres, polychromie voulue par l'architecte qui réapparaît en 1994. Le contraste entre cet extérieur éclatant et l'intérieur gris et triste, dégradé par endroit, à l'exception de la tribune et de l'orgue récemment rénovés, est devenu « criant ». L'association des amis de l'orgue de Saint Martin et le Conseil Presbytéral très conscients de la nécessité de poursuivre l'oeuvre de rénovation commencée  à l'intérieur  établissent un dialogue avec les autorités municipales. Il aboutit en 1998 au vote d'un crédit pour une étude préalable.

 

A NOTER :        année 1991 – Rénovation des façades

année 2007 – Rénovation toit sud, ce travail a nécessité l’apport de 25000 tuiles (50 tonnes) coût environ 24000 €.

 

Source : l’église luthérienne Saint Martin  de Montbéliard 1601/2001.

 

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