LES PAPETERIES DU PAYS DE MONTBELIARD
Le papier et sa
fabrication.
On sait que le papier, invention chinoise
est venu jusqu’à nous très lentement. Il prit petit à petit la place du
parchemin, dont le prix était très élevé. Il fallait trouver un nouveau mode de
support d’écriture d’un prix plus abordable et qui permette une évolution
du fait de l’invention de l’imprimerie vers 1440.
Les moulins à papier.
C’est à Lavenne,
sur le Cusancin, près de Baumes les Dames qu’apparaît
en 1448 la première papeterie. Elle fournira son papier « au
Montbéliard » en concurrence avec les papeteries de Bâle (Suisse).
Il était normal que les souverains du Pays
de Montbéliard s’intéressent à cette fabrication, coût du transport et frais de
douane, il y avait de plus en plus de demandes (notaires, pasteurs, registres
d’état civil, écoles).
Il fallait pour établir « un moulin à
paittes »
·
De l’eau courante pour donner la force motrice pour faire tourner la roue hydraulique
et fabriquer la pâte à papier.
·
Des chiffons que l’on collectait dans les villages environnants.
·
Du matériel nécessaire à les piler, réduire en bouillie, former en feuilles,
presser, etc.
On installe donc au bord des ruisseaux ou
rivières, dans les moulins existants (Glay, Etupes)
on construit spécialement (Courcelles les Montbéliard, Montbéliard, Belchamp et Meslières).
Voici comment on fabriquait
le papier « à l’ancienne » ou « à la cuve ».
Les chiffons sont triés et classés à l’arrivée
par les femmes qui suppriment boutons, agrafent et décousent les ourlets, « c’est
le délissage », puis jettent ces chiffons dans de grandes cuves en
pierre remplies d’eau, « c’est les pourrissoirs », où ils vont
macérer pendant plusieurs semaines. On utilise ainsi le gonflement des fibres,
libérant les salissures qui tombent au fond des cuves, « c’est le
trempage » (essangeage de nos grands-mères quand elles faisaient la
« bue »¨, mot patois désignant la lessive) avec cette différence que
le trempage là ne durait que 24 heures.
Les chiffons, bien détrempés sont passés
« au déromptoir », lame de faux sur
laquelle on les découpe en morceaux, puis soumis à un lavage à l’eau courante
pour éliminer toute souillure.
A ce moment là, les
moulins à pilons interviennent.
Les chiffons ainsi préparés sont jetés
dans les piles dites aussi creux de piles ou » bachat », sortes d’auges en bois dont le fond est
muni d’une platine en fer. Ils vont être ainsi hachés par des maillets en bois
dont la tête est garnie de clous de différents diamètres. Les maillets
sont mis en mouvement par des mentonnets fixés sur l’arbre de la roue
hydraulique, retombant quatre fois dans les « bachats »
à chaque tour de roue. Il y avait en principe trois ou quatre maillets par
creux de piles ou « bachats ».
Les moulins à pilons ont été doublés ou remplacés dans notre
région peu avant
Ces cuves sont rectangulaires à angles
arrondis, partagées par une cloison dans le sens de la longueur, mais non
jointives aux extrémités. Un des compartiments est libre, l’autre possède au
fond une pièce à deux pans inclinés dont une face est garnie d’une platine de
fer rugueuse. Un cylindre de bois muni de lames de fer, dont l’axe est mis en
mouvement par la roue hydraulique broie les chiffons qui s’engagent entre
ce cylindre et la platine.
L’ouvrier, à l’aide d’une longue spatule
en bois, oblige cette masse fibreuse à s’engager à nouveau sous le cylindre
après avoir fait le tour intérieur de la cuve, mouvement répété autant de fois
que cela sera nécessaire afin d’obtenir une pâte homogène.
Le travail est nettement plus rapide dans
cette machine que dans les piles à maillets, un seul cylindre produisant
autant de pâte que trois piles.
La pâte à papier ainsi préparée dans les
piles ou par les cylindres est stockée dans des cuves abritées afin d’éviter
toute souillure. Allongée à consistance de crème, légèrement chauffée, elle
sera reprise par l’équipe chargée de la préparation des feuilles de papier.
Cette équipe se composait de :
· Le « saleran » est les maître ouvrier,
chef d’équipe.
· Le « formaire » est le spécialiste qui fait et entretient les
formes.
· Le «puiseur « plonge la forme dans la
pâte, la retire chargée, la secoue pour éliminer une partie de l’eau.
· Le « coucheur » qui retire
la feuille en formation et la dépose sur des feutres, le tout sera pressé dans
une presse à bras.
· Le « leveur » enlève les
feuilles des feutres
et on passe de nouveau à la presse.
Les autres opérations consistent à
encoller le papier (colle à base de peaux et d’alun). C’est le « saleran » qui trempe les feuilles de papier dans
la colle à demie refroidie. Il y a ensuite un nouveau pressage, séchage sur
corde, lissage et empaquetage.
Au début du XIX siècle, on vit
apparaître les machines à papier fabriquant en continu et mécaniquement,
supprimant ainsi les « formes » et ensuite les manipulations.
La papeterie de Meslières
fut la seule à en posséder une avant sa disparition.
Les qualités de papier étaient diverses
suivant le choix des chiffons mais aussi du savoir-faire des ouvriers.
·
Glay et Meslières). Ils
étaient logés et nourris sur place à la papeterie. (acte
de vente de Molitor à Leconte à Glay : 10 lits
d’ouvriers – jardin ouvriers etc).
·
Belchamp, J.Foillet
fabriquait le papier gris, le papier moyen et le papier fin à écrire dont
plus grande partie était vendu à Strasbourg.
Les filigranes.
Sur la trame de la forme on traçait divers
signes ou inscriptions laissant leur empreinte dans la pâte humide du papier,
formant ainsi le filigrane. Instructions très précises à ce sujet, en France
l’arrêt du Conseil d’Etat du 27 janvier 1739 confirmant celui du 21 juillet
1671.
Les papeteries du pays.
1. Courcelles
les Montbéliard 1575 – 1576.
Eusèbe Episcabus, imprimeur libraire à Bâle, né en 1540,
allait installer la première papeterie dont on soit sûr situé sur la rive
droite de l’Allan entre Ste Suzanne et Courcelles.
Episcobus qui signait Bischoff, accepta en 1575 les
offres faites par le comte Frédéric, prêt de 3000 florins, don du terrain et du
bois de construction. Cette papeterie fut de courte durée, nous en ignorons la
cause, la fabrication du papier cessa l’année suivante. Il quitta Courcelles
assez rapidement en revendant la papeterie pour 3000 florins, le montant du
prêt. On le retrouve de établi à Bâle en 1576.
2. Courcelles
les Montbéliard 1586 – 1588.
Jacques FOILLET, imprimeur à Lyon signa une
convention le 29 mai 1586 avec le comte Frédéric et s’installa avec tout son
matériel dans l’établissement remis en état par les soins de la
seigneurie, (écluse, aménagement des locaux, logement gratuit compris) ainsi
qu’un prêt de 250 francs forts. La papeterie sous sa direction et avec Antoine
Breton comme « maître - papetier » était en pleine activité jusqu’en
1587, date d’arrivée des Guises. La papeterie et l’atelier furent entièrement
détruits la nuit du 18 au 19 janvier 1588.
3. Montbéliard
– Porte des graviers 1597 – 1612.
En 1597, sur la demande de Foillet et par ordre du Prince, une papeterie fut
construite par l’architecte H. Schickardt
, sur les bords de l’Allan. Bâtiments annexés : une scierie,
un moulin à farine, un atelier de taillandier.
Ce nouveau moulin à papier fut amodié par J.Foillet pour 10 ans. Ce bail devait être renouvelé en
1607.
L’entretien de la papeterie et de ses
annexes coûtait très cher, on n’y faisait pas toutes les réparations
nécessaires, et fin 1610 l’usine menaçait ruine.
Pendant l’hiver 1611/1612 les grandes eaux
et la glace emportèrent une partie de l’écluse. Malgré une requête en 1612
adressée au Conseil de Régence, un rapport de l’architecte et l’intervention de
l’intendant des bâtiments, on n’effectua qu’une réparation sommaire permettant
de terminer le travail en cours. Lécluse fut démolie et les effets du bail
suspendus à compter du 24 juin 1612.
4. Belchamp 1612 – 1643.
L’industrie papetière va donc se
transporter sur la rive droite du Doubs, dont on utilisera les eaux, près des
bâtiments de l’ancienne abbaye, à l’emplacement d’un des deux moulins qu’elle
possédait.
J. Foillet
prévoyait dès 1609, la fin prochaine de la papeterie,
rue des graviers, avait prévu d’en construire une à Audincourt mais y renonça.
Harcelé par J. Foillet,
le Conseil de Régence fin 1610 désigna une commission pour rechercher un
emplacement pour y édifier un nouveau moulin à papier. Après avoir revu
l’emplacement de Ste Suzanne, elle se rendit à Belchamp
mais estima que la dépense serait très importante et qu’il était préférable
d’autoriser J.Foillet a en édifier un à ses frais.
Une convention datée de septembre 1612
entre l’intéressé et le Conseil de Régence (
délégués : A. Duvernoy « le vieux » et le
trésorier Binninger). On lui octroyait «
pour lui, ses hoirs et ayants cause, encensement perpétuel, une place sur la
rivière Doubs, du costel d’Arbouans
vis-à-vis ou à l’endroit du moulin de Belchamp, de la
contenance d’un journal et demi, et le cours d’eau nécessaire pour fait et
dresser une papellerye. En plus, il
pourrait racheter tout le matériel des Graviers pour la somme de 429 francs
forts et une redevance annuelle de 100 francs.
J.Foillet le 9 octobre 1612 s’associa avec Gerson Binninger, trésorier du Prince et Jean Maire marchand à
Montbéliard. Il racheta également le matériel d’une papeterie à Bourogne
construite en 1593. Les travaux commencèrent donc en 1612 et durèrent plus
d’une année.
En 1619, J.Foillet
mourut, au préalable, il avait cédé sa part à G. Binninger.
Celui-ci et Jean Maire restaient donc seuls associés, pour exploiter la
papeterie. Après quelques années ils prirent Chalvé
comme nouvel associé.
En 1629, à la mort de Binninger,
Jean Maire fur remboursé de ses apports et ce sont les Fils Binninger,
Léonard et Jean, qui prirent l’exploitation de la papeterie jusqu’en 1643, date
de la disparition de cette papeterie.
On y faisait diverses qualités de papier,
un net progrès sur les productions précédentes, la plus grande partie
s’écoulait sur les marchés de Strasbourg.
Notre approvisionnement en papier fut de
nouveau assuré par l’étranger, jusqu’en 1663, date de la construction de
la papeterie de Glay.
5. Glay 1663 – 1847.
A Proximité de la frontière Suisse, la
papeterie de Glay est la plus éloignée. Elle va
bénéficier des eaux claires de
Etienne Ponnier,
procureur fiscal à Héricourt, et Sébastien Kloepfel
économe de la cour à Montbéliard, bâtiront cette
papeterie sur l’emplacement d’un ancien moulin du prieuré de Dannemarie,
détruit pendant la guerre de 30 ans, avec la permission du Prince.
En novembre 1687, la papeterie est
vendue à un marchand de Porrentruy (Suisse) Claude Genin. La fabrication
continue toujours sous la direction de Acoyer
jusqu’à son décès en 1700, son fils Jean Pierre lui succèdera.
Après le décès de Genin, sa veuve
Jeannette Pelletier cédera la papeterie à Léopold de Wurtemberg en 1713.
Celui-ci en fit don à ses enfants illégitimes les Espérances-Colligny.
Acoyer Jean Pierre resta maître papetier encore
un certain temps mais, vers 1760, la papeterie passa entre les mains de J.P.Juillerat de nationalité suisse et c’est L. Souler qui
dirigea la fabrication.
Deux autres maîtres papetiers succèderont
à Souler, Jakob Schanp vers 1769 et Conrad Fenninger.
En 1771, Charles Monnier rachète la
papeterie avec comme maître papetier Charles Molitor.
Entre 1776 et 1782, Charles Molitor
en deviendra propriétaire. Elle fut la proie des flammes le 6 juin 1782, elle
fut vite reconstruite. Dans cet incendie, la fille du propriétaire Catherine
âgée de 15 ans trouva la mort.
Secondé par ses fils Charles, Théodore,
Ch. Molitor compétent et actif, la papeterie connaît une ère de prospérité,
filigranes que l’on retrouve un peu partout dès la fin du 18ème
siècle et début du 19ème, notamment aux archives départementales du
Doubs et Territoire de Belfort, les archives municipales, registres
paroissiaux, mairies etc.
Un rapport d’intendance (A.D.D. C.136), de
l’époque de Molitor l’importance de cette papeterie (qui a 6 piles). Le
papier fabriqué est surtout » à écrire » on en produit 4000 rames
annuellement, partant pour Paris, Strasbourg, Besançon et besoins locaux.
A part la papeterie de Meslières, (qui a 9 piles) c’est la plus importante
de nos papeteries, elle battra le record de durée 184 années.
La papeterie, passera le 10 avril 1812,
entre les mains des frères Leconte, Louis Christophe et Georges Frédéric, de
Montbéliard pour la somme de 145461 francs, monnaie de l’Empire. Pour cette
somme sont compris les bâtiments, le matériel, et plus de
Molitor avait de sérieuses difficultés de
trésorerie, il devait comparaître devant
Le papier fabriqué connut un grand succès
au moment de la révolution grâce aux filigranes républicains adopté par
un fabricant astucieux.
Les frères Leconte continuèrent sur cette
lancée avec le même personnel, y compris la famille Molitor.
Georges étant décédé en 1814, Louis
Christophe Leconte resta seul propriétaire jusqu’en 1831, date à laquelle il
fit don ses deux papeteries Glay et Meslières à ses enfants, Edouard, Eugène et à sa fille
épouse d’Alexandre Lalance.
Après l’achat de la papeterie de Meslières, en
Eugène Leconte et son beau frère Charles Lalance, restés seuls propriétaires des deux papeteries en
1841, envisagèrent la transformation de l’usine de Glay
en tissage et firent les démarches nécessaires.
Le 28 avril 1846, ils vendirent la
papeterie au teinturier de
Ce tissage fut vendu en 1858, par le fils Mégnin, à F. Quiquerez de Grandfontaine (Suisse) pour y établir un moulin à blé et
martinet, (l’acte spécifiait avec la roue hydraulique).
Cette ancienne papeterie qui conservera
toujours son nom passera entre différentes mains, à savoir : moulin à blé,
huilerie, taillerie de pierres pour l’horlogerie, scierie, puis finalement
transformée en restaurant par Périat en 1927.
6. Meslières 1671 –
1847.
Petit village proche de Glay, J. Vurpillot d’Autechaux Roide, y installa une nouvelle papeterie le 22
mai 1671, première industrie de ce petit village, la seconde sera un haut
fourneau qui fonctionnera de 1683 à 1698 sur les rives de ce ruisseau.
En 1690, ses fils Nicolas et Pierre lui
succédèrent, puis en 1739 ils vendirent la papeterie à J.F. Morel dont le fils
continua la fabrication jusqu’en
On y fabriquait les papiers courants mais
aussi les papiers pour cartes à jouer, à registres, à musique. On en trouve dans
tous les registres d’état civil des environs avant 1815, date d’apparition du
papier au timbre impérial puis royal fourni par l’administration.
En 1823, les Héritiers Morel vendront la
papeterie et ses installations à L. Ch. Leconte, propriétaire de la papeterie
de Glay. Après cette date, 14 ouvriers à Glay et 36 à Meslières,
produisent 12.000 rames de papier ce qui représente 150000Kg de chiffons
annuels.
En 1831, il cédera ses deux
usines à ses enfants.
Il y eu de nombreux
filigranes vu le nombre de propriétaires qui s’y succédèrent.
Le 6 mai 1834, les associés
Leconte et Lalance obtinrent de la municipalité de Meslières, l’autorisation de construire une route directe
de l’usine au centre du village ,
cette rue connue sous le nom « rue de
A noter, ces mêmes
associés cédèrent à Peugeot le 13 août 1844 un terrain pour y établir un
canal d’alimentation en eau de leur usine de
En 1837, la production était
tombée à 8.000 rames, elle cessa en 1847.
Les propriétaires s’associèrent alors à Vauchelet (association de courte durée)
d’Hérimoncourt pour fabriquer des broches de filature. L’usine fut vendue à
Laurent en 1852 (ancien propriétaire de l’usine Laroche de Voujeaucourt) qui
s’associera à Jules et Emile Peugeot à Valentigney en 1862.
Peugeot Hérimoncourt en devint locataire,
fabrication des boites en bois de moulin à café jusqu’en 1858. Le 17 mars
1858, les ateliers furent détruits par un incendie et Peugeot transporte cette
fabrication à Terre Blanche.
L’usine fut rapidement reconstruite, puis
vendue à Juillard. Il s’associa à Amstutz
pour y installer une tréfilerie et fabrication de pignons en acier. Sté fondée
le 1er septembre 1858 pour 10 ans – transformation de
Propriétaires successifs : Sircoulon et Amstutz en 1894 – Sircoulon Amstutz et Sandoz en
1909 – SARL Amstutz et Sandoz à compter du 1er
juillet 1780 – Ets Amstutz Sandoz et Cie a compter du 26 juin 1934.
L’usine Jeanperrin
de Glay avait racheté cette affaire en 1910 avec son
matériel important. Elle a connu de longues années de prospérité. On y
fabriquait les aciers étirés, cannelés, rayons p/cycles et automobiles, pièces
décolletées. Cette usine employait plusieurs centaines d’ouvriers ;
L’usine de Meslières
est maintenant la propriété des Ets Schligler.
Nombreuses transformations, mais on y voit encore certains vestiges. M. Schligler Roland, a conservé la partie métallique de la
roue et elle est actuellement dans sa propriété.
Avec l’arrêt des papeteries de Glay et Meslières disparaît dans
notre région la fabrication du papier dit « à la cuve ou à l’ancienne «,
traitant le chiffon.
Il faudra attendre en 1880/1881
l’ouverture de la papeterie de Mandeure pour retrouver cette industrie, avec
une matière première différente « la pâte de bois ».
7. Etupes
1771 – 1794.
Cette papeterie ne fonctionnera que 23 ans
certainement suite aux événement politiques
qui bouleversèrent notre région. Le rattachement du Comté de Montbéliard à
C’est dans le moulin à blé, possession de
l’abbaye de Belchamp que la papeterie fut créée par
Becker, imprimeur à Montbéliard, au carrefour des routes de Fesches
le Chatel et Dampierre les Bois sur le ruisseau
Au décès de Becker en 1773, la papeterie
d’Etupes est alors acensée à P.G. Wild de Montbéliard avec le même privilège en
ce qui concerne l’approvisionnement en chiffons. Cette papeterie continue à
fonctionner avec P.G. Wild qui a des ennuis au sujet de l’eau avec son Altesse
Royale Madame
Wild resté propriétaire arrêta la
papeterie en 1794, (il ne pouvait lutter avec les papeteries de Glay et Meslières) et la
transforma en moulin à blé. Il vendit ce moulin à blé en 1808 à J. Perdrizet d’Héricourt, amélioré, agrandit, il fonctionna
encore de nombreuses années comme moulin à farine, à gruaux, battoir et ribe à cidre. Il a été transformé en logement encore occupé
par un Perdrizet.
8. Mandeure
1880 -1881 à nos jours.
La dernière papeterie installée au
« pays » et aussi la seule encore en activité.
Suite à l’abandon de la fabrication du
papier à Glay et Meslières
en 1847, notre pays était privé de cette industrie, la consommation de papier
avait considérablement augmenté (journaux en particulier).
La découverte de l’utilisation du bois
vint à point pour faire face à cette importante demande, le chiffon n’aurait
pas suffi. L’emploi de la pâte mécanique et l’amélioration de son prix
contribuèrent à la consommation de ce nouveau papier.
L’implantation de cette papeterie située
sur la rive droite du Doubs, fut rachetée en 1848 par R. Paravicini, de Lucelle (Suisse)
Industriel, gendre de J. Maillard Salin, il dirigea auparavant l’usine de
quincaillerie de cette localité avec son beau frère Parrot, (usine cédée à J.
et E. Peugeot en 1848, d’après M.G. Bugler 1).
Le moulin de Mandeure fut modernisé par
lui en 1852, un barrage, et un canal d’amenée d’eau fut construit. Après son
exploitation comme moulin de commerce, (les grains arrivaient en gare de
Voujeaucourt) Il fut détruit pour être remplacé en 1868-1869 par un vaste
bâtiment où le nouveau propriétaire installa une des premières râperies
de bois et de fabrique de papier (
Après le décès de Paravicini
en 1870, son fils Jules céda la fabrique à la « Sté pour la fabrication de
pâte à bois connue sous le nom de Holzstoff , siège social à Bâle (Suisse) «. Cette dernière
devait apporter ses procédés et développer l’affaire. Une partie du matériel
fut fourni par la fonderie Cuvier (qui devint Wyss et Cie de Seloncourt).
Après avoir vendu la pâte à bois aux
papeteries régionales, suite à toutes sortes de difficultés, on l’utilisa sur
place et ce fut la naissance de la papeterie de Mandeure.
Pour la première fois en France,
semble-t-il on utilisa la pâte à bois seule, sans adjonction de chiffons ou
autres matières fibreuses. Une autre machine spéciale, pourvue d’un séchoir à
air chaud, fut créée et fonctionna jusqu’au début de la deuxième guerre
mondiale (Réf. plaquette du centenaire de la papeterie de Mandeure).
A partir de 1886, la papeterie entra dans
une période de prospérité sous la direction de Rouyer
Ferdinand. Il y avait deux chefs de fabrication, un de jour, un de nuit pour
surveiller 150 ouvriers avec un horaire de 12 heures par jour.
La production était de 7 tonnes par 24
heures avec expédition mensuelles de 200 tonnes par la gare de Mathay, le transport de l’usine à la gare était assuré par
des voitures à chevaux. De la gare on rapportait charbon et matières premières
(de Mathay on signalait les arrivages par pigeon
voyageur avant 1900).
Après l’arrêt de la fabrication de la pâte
à bois, on reçut la pâte obtenue chimiquement (cellulose) des pays nordiques.
La force motrice devenue disponible (turbines) fut récupérée pour le
fonctionnement de la papeterie.
En 1930, suite à l’irrégularité du volume
des eaux du Doubs, la vapeur vint compenser cette insuffisance (sans supprimer
les turbines), puis un alternateur fut installé pour produire l’électricité.
L’énergie est maintenant fournie par E.D.F.
On fabriquait toutes sortes de papier y
compris « les minces « genre papier à lettres en toutes sortes de
couleurs. Pour occuper la d’œuvre locale on faisait même fabriquer à
domicile des carnets, des sacs en papier etc. Suite à la concurrence, on abandonna
donc les minces au profit des plus forts genre
bristol, dossier etc. Une machine spéciale, de conception très avancée en
automatisation fut mise en place pour produire du papier dans ces forces. De
Du pulper et des cuves où l’on malaxe la
cellulose de différentes provenance avec diverses charges, (kaolin, colle à
base de résine sulfate d’alumine et colorants) et une forte proportion d’eau , on passe aux raffineurs, appareils fermés d’un rotor
et d’un stator pouvant se rapprocher mécaniquement afin de faire subir une
nouvelles transformation à la pâte.
Stockée dans des cuves-tampons dont le
rôle est d’alimenter la machine sans à coup, la pâte est ainsi prête à
l’emploi. Après une épuration dans des appareils centrifuges, le flot fibreux
arrive dans une sorte de caisse dont il sort par un bec verseur, pour être
entraîné sur une toile plastique, bande sans fin supportée par des cylindres
appelés « pontuseaux » ces gros cylindres entraînent et soutiennent
le tapis chargé de pâte faisant ainsi le travail des « pontuseaux »
des anciennes formes à papier.
Le tapis est animé
d’une vibration transversale qui achève l’égouttage, les fibres sont
ainsi débarrassées d’une grande partie de leur eau, elles s’enchevêtrent et
forment déjà une bande de papier d’une certaine tenue. Ici, des cuves
aspirantes interviennent puis un gros cylindre muni également d’un système
d’aspiration. A la sortie de ce dernier, la feuille a suffisamment de corps et
rigidité pour pouvoir continuer sa course sans aucun soutien jusqu’à la fin
soit environ 1/3 du parcours.
Les opérations suivantes ont pour
but :
La feuille de papier terminée, en bout de
machine, elle est enroulée sur des tambours. La production journalière est de
32 tonnes en moyenne en travail continu de 24 heures sur 24.
Il ne reste plus alors qu’à débiter ce
rouleau peu maniable en bobines de différentes largeurs (laizes) pour les
machines à imprimer en continu ou alors sur une presse qui coupe aux dimensions
suivant la demande.
Le reste du travail n’a plus rien de
mécanique. Ce sont des ouvrières qui trient les feuilles une à une et les
emballent, en mains de 25 ou en rames de 500 feuilles.
Elles sont 25, alors que la machine occupe
seulement 3 hommes par tournée de 8 heures (un conducteur, un sécheur et un
aide sécheur).
L’usine a fêté son centenaire en 1971, bâtie sur une île entre le
Doubs et le canal d’amenée d’eaux aux turbines. Sa superficie est de
Encore en activité en janvier 2007, son personnel comprend 106
personnes. Dans son autre site, à Savoyeux (Hte
Saône), spécialisé dans la transformation du papier (découpe) le personnel est
de 28 personnes.
Sources :
Synthèse
du Travail réalisé par Mr. Jambe de Fesches le Chatel
Papeterie de Mandeure.