LA PIERRE A POISSONS (classée)

Place Denfert Rochereau à Montbéliard 

au fond bâtiment des Halles , époque Renaissance

 

 

Large pierre datant du XVe (1483). A côté des halles, elle servait de « criée aux poissons ». Le pêcheur des princes y vendait ses prises après que le Maître d’Hôtel du château eut fait son choix. En 1524, le prédicateur Guillaume FAREL s’en servait comme d’un podium pour annoncer la religion nouvelle qui ne tardât pas à devenir religion d’Etat dans la principauté.

A la fin de juin 1524, on vit paraître à Montbéliard trois inconnus qui prêchaient les doctrines de Martin LUTHER : c’étaient le dauphinois Guillaume FAREL envoyé de Bâle par le réformateur OECOLAMPADE, et deux de ses amis, le parisien Jean du MESNIL et Guillaume DUMOULIN.

 

FAREL, surtout attirait l’attention par son geste entraînant, ses yeux vifs et son zèle ardent ; il brûlait du désir de voir « les pauvres brebis de Dieu jusque là mal instruites par de mauvais bergers prier en langage qu’on entendit, et non pas seulement barboter des lèvres sans rien entendre ». Son enseignement, comme à Bâle, était bien simple : « Christ nous a donné la règle la plus parfaite de la vie ; il n’appartient à personne d’en rien ôter ou d’y rien ajouter. Jésus Christ est notre étoile polaire et, le seul astre que nous devons suivre. » Et pourtant cet enseignement semblait tout nouveau à nos pères, qui avaient « soif de jésus Christ.» Aux jours de marchés, Farel n’hésitait pas, à ce que nous rapporte une véritable tradition, à monter sur la Pierre à poissons pour haranguer la foule des acheteurs et des vendeurs, de sorte que, de cette modeste chaire, partaient des mots qui, comme des semences de vie, allaient porter leur fruit jusque dans les localités les plus éloignées de Montbéliard.

 

Aussi, trois mois plus tard, l’archevêque de Besançon, Antoine de VERGY, commençait à s’inquiéter ; le 4 septembre 1524, il demandait à son clergé séculier et régulier de lui remettre de l’argent pour lutter contre « l’hérésie. » Et le 30 septembre 1524, l’abbé général de Citeaux et le Chapitre Général de l’Ordre, répondant à cet appel, faisaient la répartition sur leurs abbayes de 61 livres représentant leur subvention ; le manuscrit accompagnant cette misérable somme est instructif parce qu’il est un aveu du succès de FAREL :il y est question « d’extirper l’ignoble secte fomentée par Martin LUTHER et qui s’étend et s’affermit dans le bourg de Montbéliard et aux frontières du diocèse de Besançon. »

Farel fut obligé, en mars 1525, de s’éloigner de ce champ de travail parce qu’il fut lâché par le prince Ulric ; mais les Montbéliardais  avaient entendu l’Evangile et ils s’y étaient attachés. Ils étaient prêts à attendre des temps meilleurs et à accueillir celui qui devait, une dizaine d’années plus tard, mettre la main à l’œuvre pour la Réforme de leur Eglise : Pierre TOUSSAIN.

 

 

Source : Almanach de l’Eglise Evangélique Luthérienne de 1924

 

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